PORTRAITS CIRCUS

6 vidéo-boucles, 18', Beta N, 1999-2000

Production: Royal College of Art - Londres

Portraits Circus est une série de portraits vidéos capturés à Londres où la vidéosurveillance est utilisée massivement. Je capte des comportements intimes qui s’exposent à l’espace public, je filme ce que le corps laisse à lire, je filme les surfaces poreuses et diffusantes que l’habit laisse paraître du corps: le visage et les gestes. 

Au montage, je répète les gestes. Les séquences deviennent ainsi des motifs aptes à se diffuser dans l’environnement de projection: un espace public. Programmées en salle, les vidéos sont dissociées et s’intercalent entre d’autres films, comme une publicité.

La boucle, la redondance, la répétition ; par le montage en boucle, une séquence animée devient un motif. Le motif est image, texte ou un symbole… Le motif est publicitaire (le slogan), le motif est médiatique (le 11 septembre), le motif (ce qui est répété) est émotif, contaminant, hypnotique et l’amnésie qu’il produit,par sa répétition dans notre quotidien, inspire la manière de monter et de montrer ce travail.

 

Par analogie avec la vidéo surveillance, je capte des comportements intimes qui s’exposent à l’espace public, je filme ce que le corps laisse à lire, je filme les surfaces poreuses et diffusantes que l’habit laisse paraître du corps : le visage et les gestes. Je répète des gestes et des séquences qui deviennent ainsi des motifs aptes à se diffuser dans l’environnement de projection : un espace public


Smoker est un homme statique au milieu d’une foule. Par le montage en boucle, il semble fumer compulsivement une cigarette.

Neighbour est un enfant grimaçant derrière la vitre d’un immeuble. Il se lance dans une danse folle avant de s’enrouler dans le rideau.

Traveller est le reflet d’un corps dans le rétroviseur d’un bus Londonien. Les gestes de ce corps traduisent l’attente et l’impatience.

Eater est un homme à la barbe blanche et taillée, son regard est vide. Il est surpris en attente au milieu d'une foule affairée.

Phonerin est dans une cabine téléphonique, la lumière artificielle de la cabine éclaire ses gestes, ses mimiques, ses sourires.


Les gestes et les stigmates de l’ennui (je fume, je regarde ma montre, je rêve éveillé) sont ici filmés dans des lieux publics. Ces actions sont sans mémoire, elles sont intimes mais elles sont exposées au public. 


Les médias inondent les écrans d’images que je ne désire pas voir mais l’image en mouvement possède cette capacité particulière : « Je ne peux plus penser ce que je veux, les images mouvantes se substituent à ma propre pensée. », (Duhamel in Walter Benjamin, L‘œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée, Page 166). Le processus mental inhérent à la perception médiatique de la vidéo est l’amnésie, la disparition du moment passé. Ces images qui, comme des visions, s’imposent et disparaissent poour resurgir aux moments de l’ennui.


Par la mise en image de l’autre et la subjectivité inévitablement induite par le cadrage (la substitution du cadre réel au cadre plan), par la répétition et l’accentuation des séquences montées, je rends, j’absous le temps du film et je dissous l’image qui occupe notre perception pour qu’elle se transforme en un leitmotiv reproductible et sensible.


La boucle, la redondance, la répétition: par le montage en boucle, une séquence animée devient un motif. Le motif est image, texte ou un symbole… Le motif est publicitaire (le slogan), le motif est médiatique (le 11 septembre), le motif (ce qui est répété) est émotif, contaminant, hypnotique et l’amnésie qu’il produit, par sa répétition dans notre quotidien, inspire la manière de monter et de montrer ce travail. (2)

Programmées en salle, les vidéos sont dissociées et s’intercalent entre d’autres films, comme une publicité.


Le montage est le moment de réalisation du film: là s’écrit, se déroule les procédés d’expérimentation. Expérimenter d’autres formes fictionnelles qui rendent notre perception sensible et consciente, où la fiction elle-même ne suppose plus celle d’un temps réel, par la répétition et l’accélération des séquences. Une fiction qui souligne le temps et l’espace de sa propre monstration, un montage où le dispositif su cinéma ne happe pas le réel, où il s’y dissout. Une forme loop, une forme de formes , une multiplicité de forme (en avant, en arrière, en accélérée), un cinéma de cinéma, un dispositif où le temps du cinéma (l’image en mouvement) se colle, s’agence à l’espace temps (à côté) de la salle de cinéma ou du lieu d’exposition.