Reviens !
Court-métrage, fiction 2011. 18', auto-production.
Avec Cécile Leneveu, Isabelle Helleux, Loïc Caron, Milan Munerelle
Réalisation : Jean Marc Munerelle
Image : Christophe André
Musique : Christophe Maizeroi
NOTE DE REALISATION
Au départ de ce projet, il y a ce rêve persistant dans lequel je reconnaissais les deux protagonistes, dont l'une est ma compagne, mais aussi le paysage. A mon réveil, ce qui me surprenait le plus était la violence qui liait ces deux femmes. Une violence masculine car elles se donnaient des coups comme des boxeurs. Je pense que le rêve est le reflet de nos émotions sur notre vie physiologique et qu’il est un moyen pour nous d’intégrer dans la même enveloppe charnelle nos sensations physiques et émotionnelles.
Peut-être, ce scénario résulte d'une volonté d'expliquer ce rêve, de comprendre cette violence. Ce duel paradoxal où l'amour engendre la violence me semble exprimer avec vitalité des situations contemporaines paroxystiques en prise avec la recomposition du cercle familial.
L'histoire est donc celle de deux femmes convoitant le même enfant, l'une parce qu'elle ne peut en avoir et que certainement sa reconnaissance sociale en est dépendante; l'autre, pauvre mais fertile qui a peut-être accepté trop tôt la fatalité. Le tournage caméra épaule permettra d'être au plus près de ces deux personnages dont le sens même de la vie est ici mis en danger.
Le film s'ouvre sur le panorama d’un paysage à la fois bucolique et sauvage. Comme un ordre établi soudain bousculé, ce paysage est envahi par la sonorité électrique, mécanique de la musique du jogger. La musique contrastera avec ce paysage harmonieux et ouvrira ainsi un espace entre l'image et le son. Il s’agit à la fois de souligner dans la même scène, l’unité de lieu montrée par un paysage, et l’unité de temps marquée par une ritournelle qui semble mesurer la durée de la course du Jogger.
Mon point de vue est incarné par ce jeune jogger, témoin passif et impuissant, et ses pas rythmés par la ritournelle sont le fil conducteur de ce scénario. Lorsque son cycle de course s'achève, la violence s'explique car Loïc découvre enfin l'enjeu de cet affrontement: un enfant. Le cycle de la course rejoint métaphoriquement le cycle de la vie et mon rêve qui était image prend corps.
Note d'intention sonore et musicale
Avant que le film ne s'ouvre sur le panorama du Parc des Buttes Chaumont on entendra la boucle musicale rock-guitare-batterie noyée dans les ambiances estivales d'un parc urbain et filtrée par un écouteur miniature. Une boucle d'abord diffusée avec un grésillement dans les oreillettes puis amplifiée avec une qualité totale lorsque l'image du jogger apparaît .
C'est une boucle de rock qui fait vibrer les écouteurs du jogger, qui marque le rythme de son pas et figure ainsi ce personnage dont le trajet, comme sa présence répétée au montage, devient un fil rouge de l'histoire. La musique devient l'échos du drame qui se joue au même moment dans cette course poursuite entre deux femmes grâce à la transformation de la boucle par des effets numériques qui brisent, inversent ou déforment les lignes harmoniques et amplifient ainsi la sensation passionnelle, irrationnelle, en un mot, la folie destructrice qui s'empare des mères.